mercredi 28 mars 2007

Un flic? Devenir président?


Depuis le départ de Nicolas du poste qu'on connait, certains en profitent pour dresser un état des lieux, dirons nous. La moquette et les murs sont-ils intacts, etc.

C'est intéressant de tourner le regard vers les syndicats de police et leurs avis sur la question.

Petit survol, d'un état des lieux qui mérite une tentative d'abstraction de toute information élogieuse, mais je partage surtout mon point de vue.
Je note aussi que si Sarkozy peut effrayer un brin le jeune de banlieue pour qui, de toute façon, Sarko, c'est un fascho, c'est bien surtout sur ses idées et l'identité de ses consultants et amis à tous les niveaux (Alain Minc, Nicolas Baverez, Nicolas Bazire, François Fillon, Brice Hortefeux, Claude Guéant, Martin Bouygues, Edouard de Rothschild, Arnaud Lagardère, Michel Sardou hum.. etc...) qu'il semble capable de générer le plus de catastrophes.
Je reviendrais sur cet aspect là en fin de billet, il ne faut pas tout mélanger, quoique tout soit intimement lié.

Donc, les syndicats. Tous y sont allés de leur petit mot pour le départ de Nicolas, deux à travers des communiqués de presse, l'autre... dans la rue.
Ainsi apprend-on aujourd'hui de l'Afp qu'à
Marseille, des milliers de policiers ont manifesté mardi à l'appel de l'Unsa-police, premier syndicat de gardiens de la paix (premier depuis les dernières élections syndicales), pour dénoncer leurs conditions de travail et la "pression du chiffre" imposée par leur administration.
Le pire pour beaucoup de policiers dans le cortège, c'est la prime au mérite instaurée par l'ancien ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy et les quotas à remplir.
"On a beaucoup de chiffre à faire, pour pas grand chose. L'administration s'en contente, la vraie délinquance on n'y touche pas", expliquent deux policiers de Marseilles, 11 et 15 ans de métier. "Quand on est flic, mieux vaut faire une bonne affaire que trois ridicules. Mais pour l'administration, mieux vaut interpeller trois jeunes qui ont de la résine de cannabis dans la poche que le grossiste". "Nous, on a des notes de service nous demandant de faire des interpellations coûte que coûte. Et le code de déontologie, le code pénal ?" [...] "Et ce qui nous fait rager, ce sont les discours des responsables devant les caméras, surtout en période électorale".
etc etc

Les deux autres syndicats, plus toutou, et plus à droite aussi, saluaient bien bas leur ancien ministre de tutelle Le SNOP louant les compétences de Nicolas, mais condamnant quelques points de son action, et critiquant l'action du gouvernement concernant les retraites notamment :

Le Syndicat National des Officiers de Police prend acte de la décision de Monsieur Nicolas SARKOZY de quitter le Ministère de l'Intérieur à compter du lundi 26 mars 2007. [...] Nicolas SARKOZY aura marqué le Ministère de l'Intérieur au même titre que des prédécesseurs comme Pierre JOXE et Charles PASQUA, en s'appuyant à la fois sur des moyens budgétaires conséquents (LOPSI) et une présence importante sur le terrain au contact des policiers. La création des G.I.R., la lutte contre l'économie souterraine, la réforme des corps et carrières, la modernisation et l'accroissement des moyens et du matériel, traduisent la volonté de ce ministre de rendre encore plus efficace la lutte contre la délinquance.[...]

Cependant, un certain nombre de points ternissent le bilan, à commencer par la réforme des retraites (prise en compte très insuffisante de la dangerosité du métier de policier), la prime pour résultats exceptionnels mal comprise et inefficace, une culture du résultat axée sur d'excessives pressions statistiques, le maintien de nombreuses tâches indues détournant nombre de policiers de leur missions et le problème récurrent des heures supplémentaires ni payées, ni récupérées. Enfin, une abondance des textes législatifs qui aura marqué cette période sans parvenir à masquer une réalité: les conditions de vie et de travail des policiers ne sont toujours pas prises en compte. Un bilan donc mitigé pour le S.N.O.P. qui rappelle cependant qu'il refuse de s'inscrire dans toute démarche ou stratégie visant à exploiter, dans un sens comme dans l'autre, les efforts fournis au quotidien par les policiers pour garantir à leurs concitoyens une sécurité qui leur est due au-delà des polémiques partisanes.


Alliance, deuxième syndicat de gardiens de la paix, bien de droite celui-là, se défend bien de dire qu'un point noir resorte de l'action du ministre-candidat

Oeillères bien fixées, le syndicat a annoncé mardi dernier avoir lancé, depuis le 10 mars, une "enquête auprès de la population" afin "d'avoir sa vision de la police et de la sécurité" dans le cadre de l'élection présidentielle.
Les délégués du syndicat, selon un communiqué d'Alliance, sont invités à se rendre sur les marchés, dans les gares et lieux publics afin "d'interroger nos concitoyens" sur leur "intérêt pour les questions de sécurité".
Une série de questions leur est posée sur les missions, l'acccueil, le comportement ou l'efficacité des policiers et sur leur sentiment, ou non, d'insécurité "dans leur vie quotidienne".
Cette enquête, qui dure jusqu'au 31 mars, n'est pas anonyme, précise le syndicat de police, l'identité des personnes questionnées ainsi que leur lieu de résidence leur étant demandés.

Restons en là.

Ah.
J'oubliais.

Comme le disait dans libération du lundi 12 février 2007 un groupe composé d’ anthropologues, philosophes, sociologues, d’un professeur de droit et d’un avocat, l’heure est grave.
En effet, Nicolas cumule selon eux atlantisme agressif façon Thatcher et utilisation sans vergogne de tous les moyens de l'Etat (préfectures, services de police) ainsi que connivences avec les dirigeants des grands groupes de l'audiovisuel et de la presse écrite façon Berlusconi.

L'article est

mardi 27 mars 2007

Statistique

Rapport entre le niveau de vie des 10 % les plus riches et celui des 10 % les plus pauvres, après impôts et prestations sociales, hors revenus du patrimoine :










1970

1975

1979

1984

1990

1997

1999

2003

2004



4,8

4,3

3,8

3,5

3,4

3,3

3,2

3,2

3,1









Lecture : en 2004, le niveau de vie le plus bas des 10 % les plus riches était 3,1 fois supérieur au niveau de vie le plus élevé des 10 % les plus pauvres. Légère rupture de série en 2002. Ne comprend pas la majorité des revenus du patrimoine.

Source : Insee, enquêtes revenus fiscaux

Hum...
Pardon.



Bien évidemment, les dés sont pipés, comme le décrit Alternatives économiques ;
Il n’y a cependant pas profond à creuser pour s’apercevoir que ces chiffres dressent un portrait trompeur de l’état de la France. Les données sur les revenus ne prennent en compte que 20 % environ des revenus du patrimoine, tirés des portefeuilles financiers et de la propriété immobilière. Or, ces revenus progressent plus vite que la moyenne et constituent une part considérable du revenu des catégories aisées, qui possèdent l’essentiel du patrimoine. Sur les cinq dernières années, il est probable qu’une prise en compte de l’évolution de ces revenus, comme l’Insee en convient, aboutirait à constater une légère hausse des inégalités, en rupture avec la tendance sur longue période.
En outre, un phénomène simple demeure souvent oublié : des écarts relatifs stables signifient que les écarts absolus s’accroissent. Entre 1996 et 2002, les plus démunis ont vu leurs revenus (hors patrimoine, après impôts et prestations sociales) progresser de 12 %, à peu près comme les plus riches. Mais on ne vit pas avec des pourcentages : en six ans, le 1 % le plus aisé a disposé de 5 460 euros de plus à dépenser chaque année, contre seulement 1 100 euros pour les 10 % les plus pauvres, l’écart s’est donc accru de 4 300 euros.
Concernant les inégalités hommes-femmes, les tendances de longue période cachent un arrêt du rattrapage depuis dix ans. Surtout, les données concernent des salaires en équivalent temps plein, ce qui masque les écarts de salaires réellement perçus, le temps partiel étant largement féminin. En moyenne aujourd’hui, les hommes gagnent 40 % de plus que les femmes, et toutes n’ont pas choisi de travailler moins.
En matière d’éducation, les scolarités ne s’allongent plus depuis dix ans et l’échec scolaire ne baisse plus. La proportion de bacheliers parmi les fils d’ouvriers s’est certes accrue, mais celle des fils de cadres aussi, pour atteindre désormais presque 90 %. Les inégalités à l’école se sont déplacées vers le haut et les exigences des entreprises ont augmenté…
L’école peine à assurer un bon niveau d’éducation à tous les enfants. La crise du collège en témoigne, et la tentation est de diriger plus d’enfants vers des filières spécifiques. Premières victimes : les enfants issus des milieux populaires. C’est ainsi que les fils d’ouvriers représentent 44 % des élèves de l’enseignement adapté dans le secondaire et les fils de cadres seulement 1,6 %.
Enfin, la confusion est grande parmi les élites entre le niveau scolaire des jeunes générations et celui de la moyenne des Français : en 1999, date du dernier recensement, moins de 10 % de la population disposait d’un diplôme supérieur à bac + 2 et 37 % de la population avait au mieux le certificat d’études. A la faiblesse historique du niveau de formation initiale s’ajoute l’insuffisance de formation professionnelle continue à destination des moins qualifiés. En France, seule une partie très mince des actifs disposent d’une seconde chance.
On pourrait là aussi multiplier les exemples. Sur la situation des hauts revenus, terre inconnue des statistiques (mais l’Insee devrait publier une étude sur le sujet cette année), et dont certains atteignent l’équivalent de un à quatre siècles de Smic annuel. On pourrait également évoquer la situation des « minorités visibles », ignorées des statistiques : si le taux de chômage des étrangers originaires d’Afrique subsaharienne et du Maghreb dépasse les 35 %, c’est du fait de leur moindre niveau de diplôme, mais c’est aussi parce qu’ils font face à des discriminations. Plus généralement, le taux de chômage moyen masque des inégalités selon le sexe, l’âge, l’origine sociale ou culturelle, autant de handicaps qui se cumulent. La France des hommes, cadres, adultes et français est au plein-emploi, mais les populations les plus touchées sont aussi les moins organisées et les moins mobilisées.

Esclavage moderne


Les saisonniers agricoles étrangers sous contrats dits "OMI" (Office des Migrations Internationales) sont des travailleurs immigrés, vivant dans des conditions plus que déplorables, employés massivement dans les Bouches du Rhône où ils exercent "en toute légalité" leur activité sous couvert d'un contrat de type féodal.
La précarité de ce contrat tient tant à ce qu'il offre à la fin (aucune protection sociale), qu'à la dépendance extrême vis à vis de l'employeur, subissant abus et injustices sans possibilité de defense. Certains se sont cependant plaint, dénonçant leur exploitation devant les tribunaux.

Comme souvent sur ce blog, décidemment, je propose d'aller écouter l'émission relative aux contrats OMI chez là bas si j'y suis - OMI

Tout aussi instructif, en mode lecture également un papier efficace du collectif de défense des travailleurs étrangers dans l'agriculture, ici, et un papier de Patrick Herman pour le monde diplo.

Editions peu dispensables

Je parlais plus tôt de la maison d’édition Agone.
Dans un esprit similaire, on trouve beaucoup d'autres choses chez atheles. Ce dernier regroupe des éditeurs et des maisons de productions indépendants tels qu’Aden (politique), Agone (critique politique, histoire sociale, philosophie, littérature engagée, résistance culturelle), Centpages (littératures), Pierre Carles & co, Cris écrits (biographies, témoignages), Editions du croquant (critique politique, critique et innovation sociales), La Dogana (poèmes, proses, traductions, beaux-arts), La mauvais graine (littérature engagée), L’ami (économie sociale et solidaire), …

Je ne peux que recommander d’investir beaucoup de temps et un tout petit peu d'argent dans le catalogue des Éditions Raisons d’Agir. Toujours dans la même démarche qu’Agone notamment, Raisons d’agir présente « l’état de la recherche sur des problèmes politiques et sociaux d’actualité. Conçus et réalisés par des chercheurs en sciences sociales, sociologues, historiens, économistes, tous animés par la volonté militante de fournir des éléments de réflexion nécessaires à l’action politique dans une démocratie, ces petits ouvrages denses et bien documentés devraient constituer peu à peu une sorte d’encyclopédie populaire internationale. »

Pendant que nous y sommes, je précise que les prix des livres varient entre 4.57 et 8 €.

Petite liste vraiment pas exhaustive :

Fondé par Jean-Paul Sartre en 1973, pour « donner la parole au peuple », Libération est passé en 2005 sous le contrôle du banquier d’affaires Édouard de Rothschild.
Ces noces de la presse et de l’argent n’éclairent pas seulement le sort des journaux français livrés aux industriels. Libération fut aussi le laboratoire d’une métamorphose. Celle d’une gauche convertie au libéralisme dans les années 1980, et qui dissimule son conformisme économique derrière un rideau d’« audaces » culturelles.

Au-delà de l’analyse d’un cas exemplaire, ce livre examine les ressorts d’une révolution conservatrice dans la vie intellectuelle française.


xtrait du bouquin
Pierre Rimbert et Daniel Mermet







Les médias français se proclament « contre-pouvoir ». Mais la presse écrite et audiovisuelle est dominée par un journalisme de révérence, par des groupes industriels et financiers, par une pensée de marché, par des réseaux de connivence.

Alors, dans un périmètre idéologique
minuscule, se multiplient les informations oubliées, les intervenants permanents, les notoriétés indues, les affrontements factices, les services réciproques. Un petit groupe de journalistes omniprésents – et dont le pouvoir est conforté par la loi du silence – impose sa définition de l’information-marchandise à une profession de plus en plus fragilisée par la crainte du chômage. Ces appariteurs de l’ordre sont les nouveaux chiens de garde de notre système économique.

Plusieurs extraits ici
Et encore quelqu'un qui parle avec Daniel Mermet, l'émission est





Dénonciation des « violences urbaines », quadrillage intensifié des quartiers dits sensibles, répression accrue de la délinquance des jeunes et harcèlement des sans-abri, couvre-feu et « tolérance zéro », gonflement continu de la population carcérale, surveillance punitive des allocataires d’aides : partout en Europe se fait sentir la tentation de s’appuyer sur les institutions policières et pénitentiaires pour juguler les désordres engendrés par le chômage de masse, l’imposition du salariat précaire et le rétrécissement de la protection sociale.
Cet ouvrage retrace les voies par lesquelles ce nouveau « sens commun » punitif, élaboré en Amérique par un réseau de think tanks néo-conservateurs, s’est internationalisé, à l’instar de l’idéologie économique néo-libérale dont il est la traduction en matière de « justice ». Le basculement de l’État-providence à l’État-pénitence annonce l’avènement d’un nouveau gouvernement de la misère mariant la main invisible du marché du travail déqualifié et dérégulé au poing de fer d’un appareil pénal intrusif et ominiprésent.
Les États-Unis ont clairement opté pour la criminalisation de la misère comme complément de la généralisation de l’insécurité salariale et sociale. L’Europe est aujourd’hui confrontée à une alternative historique entre la pénalisation de la pauvreté et la création d’un État social continental digne de ce nom.

De modernité à gouvernance en passant par transparence, réforme, crise, croissance ou diversité : la Lingua Quintae Respublicae (LQR) travaille chaque jour dans les journaux, les supermarchés, les transports en commun, les « 20 heures » des grandes chaînes, à la domestication des esprits. Comme par imprégnation lente, la langue du néolibéralisme s’installe : plus elle est parlée, et plus ce qu’elle promeut se produit dans la réalité. Créée et diffusée par les publicitaires et les économistes, reprise par les politiciens, la LQR est devenue l’une des armes les plus efficaces du maintien de l’ordre.
Ce livre décode les tours et les détours de cette langue omniprésente, décrypte ses euphémismes, ses façons d’essorer les mots jusqu’à ce qu’ils en perdent leur sens, son exploitation des « valeurs universelles » et de la « lutte antiterroriste ». Désormais, il n’y a plus de pauvres mais des gens de condition modeste, plus d’exploités mais des exclus, plus de classes mais des couches sociales. C’est ainsi que la LQR substitue aux mots de l’émancipation et de la subversion ceux de la conformité et de la soumission.
Pour ne pas faire comme les autres, Eric Hazan participe aussi aux barbecues de Mermet : Là bas si j'y suis, 15 fév 06


Ces deux cours télévisés du Collège de France, présentent, sous une forme claire et synthétique, les acquis de la recherche sur la télévision.
Le premier démonte les mécanismes de la censure invisible qui s’exerce sur le petit écran et livre quelques-uns des secrets de fabrication de ces artefacts que sont les images et les discours de télévision.

Le second explique comment la télévision, qui domine le monde du journalisme, a profondément altéré le fonctionnement d’univers aussi différents que ceux de l’art, de la littérature, de la philosophie ou de la politique, et même de la justice et de la science ; cela en y introduisant la logique de l’audimat, c’est-à-dire de la soumission démagogique aux exigences du plébiscite commercial.

bourdieu sur la television en vidéo

Les livres déjà parus se trouvent sur homme-moderne.org

samedi 24 mars 2007

Emmanuel Todd


Emmanuel Todd, anthropologue, démographe (1), sociologue et historien auteur notamment des remarquables l'illusion économique et après l'empire, s'était distingué en 1995 avec la notion de fracture sociale reprise goulûment par Chirac (2) (et dont il ne revendique pas la paternité (3)).
Il a accordé le 5 mars dernier un entretien à Télérama.

Pronant l'abandon du dogme du libre échange, il pense que « tout le monde sent qu’un candidat qui arriverait avec un projet protectionniste européen bien ficelé serait élu, d’où qu’il vienne. »


Le 13 septembre 2006, vous déclariez dans une interview au Parisien : « Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy sont “les candidats du vide”. » C’est toujours votre opinion ?

A ce jour, je ne vois pas ce qui pourrait me faire changer d’avis. Je les appelle comme ça non pas pour leur côté people, la brume autour de leur vie de couple, mais pour une absence de discours sur la seule chose qui intéresse et angoisse les Français : le système économique qui a engendré la pression sur les salaires et l’insécurité sociale. Toutefois, il serait injuste de jeter l’anathème sur Sarkozy sous prétexte qu’il dit tout et n’importe quoi, et sur Ségolène Royal parce qu’elle ne dit rien sur l’économie, sans ajouter que François Bayrou les a malheureusement rejoints. Je persiste à dire que s’ils ne mettent pas la question du libre-échange au cœur de leur programme, ils seront à côté de la situation réelle du pays, des souffrances des gens. Cela explique que la campagne ne démarre pas, et que le corps électoral ne suive pas.

Vous dénoncez un « système médiatico-sondagier » qui aurait « imposé » le binôme Sarkozy-Royal...

Dans les phases pré-électorales, avant que les thèmes aient été présentés par les candidats ou les partis, l’électorat populaire est inerte. Les sondages qui ont été réalisés à ce moment-là représentaient l’opinion des classes moyennes, et plutôt des classes moyennes supérieures, parmi lesquelles on trouve les journalistes, les sondeurs... Ces derniers le savaient mais, au lieu de reconnaître que leur boulot ne valait rien, ont préféré dire : « les sondages sont une photographie de l’opinion à un moment donné ». C’est une escroquerie ! Ils suggèrent que l’opinion change, alors qu’on assiste en réalité à un phénomène de formation, de cristallisation d’une opinion populaire qui n’existait pas et qui émerge dans le courant de la campagne.

Mais ce ne sont quand même pas les sondeurs qui ont choisi Ségolène Royal !

Il est vrai que les adhérents n’étaient pas obligés d’écouter les sondages qui leur disaient que seule Ségolène Royal avait des chances. Beaucoup plus qu’il n’a désigné sa candidate, le PS s’est révélé indifférent aux questions économiques. C’est dommage, lorsque l’on voit qu’un Fabius, dans ses derniers discours, a mûri sa réflexion et propose une vraie vision de l’Europe.

Un peu tard...

Oui, mais il ouvre aujourd’hui la voie à une contestation efficace du libre-échange. Et le premier candidat majeur qui abordera le sujet cassera la baraque !

A quoi le voyez-vous ?

A l’automne dernier, j’ai fait quelques interventions radio en faveur de ce que j’appelle « un protectionnisme européen raisonnable ». La montée d’un prolétariat chinois sous-payé a un effet gravement déflationniste sur les prix et les salaires des pays industrialisés et elle n’est pas près d’être enrayée, car la Chine est un pays totalitaire. Il faut donc des barrières douanières et des contingentements provisoires. J’ai été très frappé de la réceptivité de la société française à cette remise en question du libre-échange. Puis Dominique de Villepin m’a demandé d’ouvrir la conférence sur l’emploi par un topo sur le sujet. Lorsque vous intervenez, non plus à la radio, mais au cœur du système, en présence du Premier ministre, du ministre de l’Economie, des syndicats, du Medef, c’est la panique. Tout le monde sent en effet qu’un candidat qui arriverait avec un projet protectionniste européen bien ficelé serait élu, d’où qu’il vienne. Et personne ne peut rire d’une Europe protégée de 450 millions d’habitants, d’autant moins qu’elle pourrait réaliser l’impossible, c’est-à-dire, à l’intérieur de chaque pays, la réconciliation des dirigeants et des groupes sociaux.

Vous avez déclaré que l’émergence du thème protectionniste viendrait plutôt de la droite...

Le Parti socialiste et l’UMP sont tous deux décrochés des milieux populaires et probablement d’une bonne partie des classes moyennes. Ce sont des superstructures qui flottent dans les classes moyennes supérieures. Mais cette oligarchie est coupée par le milieu : le PS représente l’Etat, et l’UMP, le marché. Ceux qui sont bien logés dans l’appareil d’Etat - fonctionnaires de catégorie A, j’en fais partie - ont une indifférence encore plus grande aux maux du libre-échange. A droite, c’est vrai que le capitalisme financier s’en contrefout. Mais ce n’est pas le cas des secteurs de production. N’oubliez pas que le premier théoricien du protectionnisme, l’économiste allemand Friedrich List, était un libéral. Les protectionnistes sont des adeptes du marché, à condition de définir la taille du terrain...

La régulation du marché ne serait pas qu’une histoire de gauche ?

D’abord, il faut rappeler que les socialistes ont une arrogance de bons élèves que n’ont pas les gens de droite. Ils oublient facilement que dans l’histoire des idées économiques, les basculements sont transpartisans ; au début des années 70, la gauche et la droite étaient en faveur d’une économie régulée par l’Etat. Le basculement dans l’ultralibéralisme a fini par toucher tout le monde. Si l’on en vient, comme je l’espère, à l’idée que la protection européenne est la bonne solution, au final, gauche et droite seront d’accord. Reste à savoir qui va démarrer le premier.

Vous avez eu des mots très durs pour « la petite bourgeoisie d’Etat », qui « ne comprend pas l’économie »...

L’une des forces de la France, c’est son égalitarisme, et la capacité de sa population à s’insurger. Cet esprit de contestation explique dans notre pays la suprématie de la sociologie. En revanche, la France n’a jamais été en Europe l’économie dominante, elle a toujours été, depuis le Moyen Age, en deuxième position. La pensée économique française est donc restée à la traîne. Il se trouve que notre unique Prix Nobel d’économie, Maurice Allais, un vieux monsieur, est protectionniste ! Alors on décrète que notre vieux Prix Nobel ne vaut rien en économie... Ne soyons pas naïfs, toutes les rigidités ne sont pas intellectuelles, car deux nouvelles catégories de soi-disant économistes sont apparues : des types issus de la haute fonction publique, d’autant plus adeptes du marché qu’ils ne savent pas ce que c’est, et des économistes bancaires, qui sont en fait des commerciaux dont les intérêts sont imbriqués à ceux du système.

Vous avez prédit en 2003 le déclin américain, qu’on ne voit toujours pas venir...

Je maintiens que si une économie est puissante, cela s’exprime dans l’échange international. Or, les Etats-Unis, avec 800 milliards de déficit commercial, sont déficitaires avec tous les pays du monde, y compris l’Ukraine. Les Etats-Unis, c’est le pays des mauvaises bagnoles, des trains qui vont lentement, où rien ne marche très bien, où il est difficile de faire changer un compteur à gaz en dehors des grandes villes, où la mortalité infantile est la plus forte du monde occidental. Où l’informatisation et la robotisation - c’est masqué par l’essor des ordinateurs individuels - est faible. Là-bas, le discours sur l’économie virtuelle, sur « l’immatériel », est un discours délirant. Parce que l’économie, ce n’est pas l’abolition de la matière, mais sa transformation par l’intelligence.De temps en temps, l’état réel de l’Amérique apparaît : face à un événement comme l’ouragan Katryna, l’économie virtuelle, les avocats, les financiers, pas terrible, hein...

C’est cette Amérique-là qui fascine Nicolas Sarkozy...

Ce n’est pas tant le bushisme de Sarkozy qui est scandaleux, que sa mauvaise maîtrise du temps, son manque d’à-propos, puisqu’il est allé faire allégeance à Bush juste avant que l’énormité de son échec en Irak ne soit reconnue aux Etats-Unis mêmes ; quant à Ségolène Royal, elle a manifesté une vraie rigidité de pensée en refusant pour l’Iran le nucléaire civil aussi bien que militaire. Je ne vois pas comment ces deux candidats pourraient penser le protectionnisme européen, question qui suppose intérêt pour l’économie, mais aussi maîtrise de la politique étrangère, car la première chose qu’il va falloir faire, c’est négocier avec l’Allemagne !

L’économie allemande est repartie. En quoi l’Allemagne aurait-elle besoin du protectionnisme ?

Pour les idéologues du libre-échange, l’Allemagne est le pays qui réussit le mieux. Mais de mon point de vue, c’est celui qui arrive le mieux à se torturer lui-même. Au prix d’une terrible compression salariale, l’Allemagne a abaissé ses coûts de production et gagné des parts de marché en Europe, contribuant à l’asphyxie de la France et de l’Italie.

Elle aurait maintenant tout à gagner à un marché européen prospère, où l’on protège nos frontières, augmente les salaires, gonfle la demande intérieure. Tout cela, il faut le penser, être capable de le négocier. Et je ne ressens pas dans notre binôme cette compétence diplomatique...

Le système libéral peut-il se régénérer ?

Le libre-échange intégral et la démocratie sont incompatibles, tout simplement parce que la majorité des gens ne veut pas du libre-échange. Donc, soit la démocratie gagne et on renonce au libre-échange, soit on supprime le suffrage universel parce qu’il ne donne pas les résultats souhaités par les libéraux. Le seul pays à avoir jamais inscrit dans sa Constitution le libre-échange a été les Etats américains sudistes, esclavagistes. Le Nord, industriel et démocratique, derrière Lincoln, était protectionniste. Normal, puisque le protectionnisme définit une communauté solidaire et relativement égalitaire, alors que le libre-échange suppose des ploutocrates et une plèbe. La Chine a résolu le problème : c’est un modèle totalitaire qui pratique le libre-échange. Avec la Chine, on parle d’un modèle capitaliste imparfait, alors que c’est peut-être le modèle achevé !

Si l’Europe se décidait pour le protectionnisme, comment la Chine réagirait-elle ?

Elle s’écraserait parce qu’elle a trop besoin des machines-outils allemandes. Le rétablissement d’une souveraineté économique aux frontières de l’Europe renforcerait nos capacités de négociation. Le protectionnisme, ce n’est pas l’autarcie, on définit des zones de protection, tout peut se négocier. Ce n’est pas un univers idéologique, contrairement au libre-échange qui prétend avoir une recette universelle pour tous les produits.

Autre sujet polémique, l’Iran, que vous déclarez depuis 2002 être engagé « dans un processus d’apaisement intérieur et extérieur »...

En octobre, dans Marianne, je disais : Ahmadinejad et ses horreurs sur l’Holocauste, ce n’est que la surface des choses, il faut faire le pari d’un Iran avec de vraies virtualités démocratiques, associé à sa spécificité chiite, parce que le chiisme, culture du débat, de la révolte, est une bonne matrice pour la démocratie. Or, que s’est-il passé ? Ahmadinejad s’est pris une claque électorale. Vous remarquerez d’ailleurs que l’Iran, où l’alphabétisation des femmes a fait chuter la fécondité à 2,1, où les étudiants sont en majorité des étudiantes, est un pays qui n’arrête pas de voter ! Il faut donc continuer à dire tout le mal qu’on pense d’Ahmadinejad, mais résister aux provocations, ne pas se laisser entraîner par les Etats-Unis dans une confrontation.

Pourquoi l’Europe devrait-elle se rapprocher de l’Iran ?

L’objectif des Etats-Unis n’était pas seulement de faire la guerre en Irak mais d’entraîner Français et Allemands dans cette guerre, et ils feront de même avec l’Iran. Par ailleurs, l’intérêt des Iraniens est d’importer des machines-outils européennes, celui des Européens, inquiets de la prédominance de la Russie dans leurs approvisionnements énergétiques, est d’avoir un deuxième partenaire. Ma position traduit un désir de paix mêlé d’une géopolitique raisonnable. Mais je crains que les Américains n’attendent la présidentielle française pour déclencher leur attaque sur l’Iran, une fois débarrassés de Chirac. Il faut donc absolument contraindre nos deux candidats à dire ce qu’ils feraient en cas d’attaque américaine.

Le goût de la prospection, d’où vous vient-il ?

De formation, je suis historien. C’est normal de vouloir connaître la suite de l’histoire non ? Je ne suis jamais allé en Iran, et je n’étais pas allé en Union soviétique avant d’annoncer l’effondrement du système, mais je ne suis pas davantage allé dans le XVIIIe siècle. Sur ces pays, je travaille en historien, à travers des documents, des paramètres, des statistiques. Et je prolonge des tendances... Tous les historiens ne se promènent pas dans le futur immédiat... On va souvent vers l’histoire pour échapper au présent, pour se réfugier dans le bruit et la fureur des événements d’autrefois. Mais quand on parle à des médiévistes, on s’aperçoit qu’ils ont une vision aiguë du présent. Simplement, ils n’ont pas le goût de faire ça. Il faut dire que le présent est très inquiétant. En ce moment, je travaille sur les systèmes familiaux du passé, et quand j’essaie de dater l’émergence de la famille communautaire en Chine, dans mon petit bureau, avec mes petites cartes, je me sens protégé


Propos recueillis par Vincent Remy pour Telerama


(1) Ses théories tentent d'analyser le fonctionnement et les évolutions de nos sociétés de manière globale. Sa thèse principale est que de nombreux phénomènes socio-politiques et économiques sont générés en fonction de déterminants tels que
  • des facteurs démographiques : taux de fécondité, taux d'alphabétisation, taux de mortalité infantile, etc.
  • des facteurs anthropologiques : Emmanuel Todd attribue une influence prépondérante aux structures familiales des sociétés, qu'il étudie de façon détaillée dans ses premiers ouvrages.
(2) Il a aussi dit dans un entretien que publiait L'Humanité du mardi 29 avril 06 qu'il votera " communiste, joyeusement et sans état d'âme particulier ". Considérant M. Chirac comme " un chef d'Etat incompétent ", il lui reprochait sa " conversion à un euro-extrémisme aveugle ".
Le 25/08/06, il disait aussi
" j'ai de quoi être honteux de ce que Chirac a fait de mes idées ".
(3)
Il reprend en réalité le concept de Marcel Gauchet


vendredi 23 mars 2007

Education civique



"Chaque année, au printemps, en l'occurrence du 19 au 24 mars 2007, les enseignants de tous niveaux et de toutes disciplines sont invités à participer à la semaine de la Presse dans l'Ecole.
Activité d'éducation civique, elle a pour but d'aider les élèves, de la maternelle aux classes préparatoires, à comprendre le système des médias, à former leur jugement critique, à développer leur goût pour l'actualité et à forger leur identité de citoyen."

Alors bien entendu, les enseignants y invitent des journalistes, pas peu fiers d'apporter leur contribution à la belle construction de "l'identité de citoyens". Les nouvelles ressources au dossier pédagogique mises à disposition n'ouvrent naturellement pas de piste sur la critique structurelle des médias.

Thème: Découvrir le monde avec les médias.

Découvrir le monde avec et pas des médias



A ce propos, il faut noter le très bon travail du Réseau éducation média

Celui-ci propose notamment des dossiers détaillant les stéréotypes dans les médias, et déclinant les représentations à propos de groupes tels que les minorités ethniques et visibles, les femmes et filles, les blancs et leurs privilèges dans les médias, les gais et lesbiennes...

"L’existence de stéréotypes dans les médias est inévitable, particulièrement dans le domaine de la publicité, du divertissement et de l’information, trois secteurs dans lesquels l’information doit être comprise rapidement par un auditoire aussi large que possible. Les stéréotypes y servent de codes, de grands dénominateurs communs, pour définir les personnes ou groupes, en fonction généralement de leur classe sociale, race ou origine ethnique, sexe, orientation sexuelle, métier ou rôle dans la société.

Les stéréotypes présentent cependant des aspects problématiques : ils peuvent masquer des réalités très diverses sous des simplifications primaires, présenter des préjugés sur des personnes ou des groupes comme s’il s’agissait de « vérités » prouvées, justifier la position des pouvoirs en place et perpétuer les inégalités et les injustices sociales.

Cette section examine les stéréotypes les plus fréquents dans les médias et tente de déterminer leur origine, comme, par exemple, le manque de diversité culturelle dans le personnel des salles de nouvelles ou des studios de production. Elle explore aussi l’impact des stéréotypes sur la vision que les jeunes se font d’eux-mêmes et des autres et donne une place de choix aux médias qui ont choisi de lutter contre leur influence. Elle résume également les mesures existantes pour une représentation juste et équitable des différents groupes sociaux dans les médias, qu’il s’agisse des directives volontaires que se sont donnés les radiodiffuseurs ou de la législation gouvernementale dans le domaine.

Dans chacune des sous-sections suivantes, on retrouve plus d’informations concernant les stéréotypes véhiculés par les médias, ainsi qu'un choix de nouvelles, d’articles, rapports, sondages, statistiques et sites Web portant sur le sujet."

(Alors qu'après tout, ces jeunes -ou pas-, il suffirait de leur offrir une leçon de François "Che" Bayrou.)


Michel Foucault par lui-même

Le "Quizz de l'horreur"

Jean-Yves Sécheresse, conseiller municipal de la ville de Lyon... enfin bref, il propose sur son blog un petit jeu palpitant qu'il appelle le quizz de l'horreur.

-Qui a dit « Voter socialiste, cela signifie que d’ici dix à quinze ans la mairie de Marseille sera dirigée par un maghrébin. »
Eric Raoult, Philippe de Villiers, ou Jean-Marie Le Pen?

-Qui a dit « J’aime mieux mes filles que mes nièces, mes nièces que mes cousines, mes cousines que mes voisines. Il en est de même en politique, j’aime mieux les Français. »
Jean-Marie Le Pen, Nicolas Sarkozy, Philippe de Villiers?

Etc etc, le quizz complet est

Réponse dimanche sur le même site.

jeudi 22 mars 2007

Pierre Bourdieu gauche-droite




Ce n'est pas du grand Bourdieu, sa définition du caractère de droite n'est pas des plus développées, mais ce qui est étonnant, c'est le sens de l'anticipation, alors que les images ont été filmées par Pierre Carles en 1999, dont il fait preuve.

L'ordre (juste?)

La presse et l'argent




La cartographie de leur relation incestueuse créée par Le plan B.
Comme toujours avec ce type de document, prendre la loupe et un peu de temps est bien utile.

Ça se passe là, c'est un pdf.

Un mot de Serge Dassault, puisqu'il insiste.

"Les idées saines ? Ce n’est pas de la désinformation. C’est les idées qui font que ça marche. Par exemple, les idées de gauches sont des idées pas saines. Aujourd’hui, nous sommes en train de crever à cause des idées de gauche qui continuent. [...] “Faut pas travailler”, “il faut pas gagner beaucoup d’argent”, “faut partir en vacances” [...] les idées pas saines, c’est les idées qui trompent le monde [...] la vérité c’est la vie ; la vie c’est ce qui marche. Aujourd’hui quand on pousse les gens à ne pas travailler on est dans l’erreur, quand on parle des acquis sociaux... non ! Y a pas d’acquis sociaux !
Aujourd’hui la France va mal
la France va tout droit à un chômage généralisé, il y a la concurrence nationale, il y a les chinois (...) , on va devenir un pays sous-développé, nous sommes en train de descendre vers un gouffre. [les gens] ne savent pas qu’à force de ne pas travailler ils ne travailleront plus du tout. Ils seront tous au chômage."

La suite sur le site d'Acrimed, et un extrait audio dans les archives de bas si j'y suis.

Tolérance Zéro suite...

mercredi 21 mars 2007

Tolérance Zéro

Dans l'histoire de la petite maison d'édition Agone, on peut lire ceci :

[...]Dès ses premiers titres, Agone s’est démarqué de la logique du marketing, qui prétend financer la création sur la base des prétendues nécessités du compromis : notre pari fut de ne jamais publier un livre pour le seul motif de sa rentabilité, de ne pas choisir un auteur sur le seul critère de sa notoriété et de ne pas traiter un sujet en vertu de sa seule « actualité ».
Au moment où le marché du livre se caractérise par un emballement productiviste qui pousse les éditeurs, pour imposer leurs marques, à publier toujours davantage d’ouvrages de moins en moins maîtrisés et dont la durée de vie est toujours plus courte, nous avons opté pour la lenteur d’une politique de fonds. Ce projet éditorial répond aussi et surtout à un projet politique: proposer des oeuvres qui fournissent au plus grand nombre des outils pour comprendre le monde dans lequel nous vivons.[...]

Beaucoup de choses ici : agone

Dans la rubrique Lyberagone, quantité de revues sont en téléchargement libre, on y trouve celle-ci notamment : agone22.

A la page 127, Loïc Wacquant se livre à l'explication exhaustive d'un concept né aux usa et exporté partout dans le monde, la Tolérance Zéro.
Cette vidéo illustre en partie le propos du sociologue.

Justice Vs. Power: Part 2

La suite.

Justice Vs. Power - Chomsky Vs. Foucault, Part 1

L'artificier Foucault et le linguiste engagé proposent une discussion. Il est intéressant d'observer la différence de démarche entre deux penseurs qualifiés un peu vite d'anarchistes sur l'existence d'une nature humaine. Naît-elle avec l'homme ou est-ce socialement que celui-ci est "sculpté"?
L'échange à propos du concept de justice, reflète également assez bien la différence entre les deux hommes. Chomsky aborde la justice à travers le prisme de la guerre du vietnam et des actes civiques imaginés pour contrer un pouvoir oppresseur, Foucault répond que la justice est une création de notre civilisation et de nos sociétés de classes, un jeu de pouvoirs...
Enfin, à regarder.
Ou à lire.