vendredi 27 avril 2007

Savez-vous, Mme Chabot,

... qu'un salarié qui travaillerait 50 minutes de plus par jour (50 minutes de plus, pas 1 heure, c'est important, n'effrayons personne) verrait son salaire à la fin du mois augmenté de 15% ?
Non, elle ne le sait pas Mme Chabot.
4,16 heures par semaines, environ 17 heures par mois.
Ca fait une augmentation.
Ca, c'est certain, merci Mr Sarkozy.
Quelle cruche cette Arlette Chabot.
C'était hier soir sur Francedeux.
Pour reprendre une tournure de phrase que vous affectionnez quand vous vous adresser aux journalistes : Savez vous, Mr Sarkozy, que le modele de travail que vous proposez donnera surtout l'occasion à beaucoup d'obtenir des emplois à 15/20 heures par semaines (et que travailler 50 minutes de plus, ça leur fera une augmentation qui, c'est vrai, donnera un super salaire).

Quoique n'importe qui pourra refuser ces contrats caca qui les feront sortir du nauséabond nombre de chômeurs.
Ah non.
On ne pourra pas les refuser. Enfin pas deux fois. Donc une seule.
J'aurais pu et du enregistrer cette émission et démonter un à un ses arguments (son apologie du model Danois par exemple. Les hommes politiques français se réfèrent au modèle danois de « flexicurité », qui selon Thomas Coutrot, économiste, relève d’une rhétorique hypocrite des libéraux voulant la flexibilité sans se donner les moyens d’assurer une véritable sécurité, PAR EXEMPLE parmis tant d'autres)

Ensemble, tout devient possible, mais alors vraiment tout.

A noter la très médiocre qualité des journalistes, qui ne contre-argumentent pas, n'opposent pas la vérité aux mensonges (les chiffres de la délinquance, comme vous le savez, Mr Leclerc, ont fortement baissé -> Oeil vide et apeuré de Mr Leclerc).
Des journalistes qui feignent de faire leur métier avec un ton sérieux, deux/trois coupages de paroles, et une légitimité qui tient de leur seule et unique présence sur le plateau.

Imposture, mensonges, danger.

Oui, Royal ne "relèvera" pas la France. C'est évident. D'une part parce qu'elle serait présidente et que la mission dont il est question relève du ministère, et d'autre part parce que l'image d'une France qui se relève n'a rien à voir avec la situation actuelle. C'est un déplacement de gauche à droite, pas du bas vers le haut, dont il est question, et Chabot et Leclerc le savent bien. Mais ont-ils peur?

NS est très fort. Il est avocat, rêvait de devenir journaliste, maîtrise mieux que sa concurrente le plateau de télé.

Mais il est dangereux (Mélangez un peu de Reagan, une dose de Thatcher, agrémentez le tout d'une pincée bien appuyée de Berlusconi, et on sera au plus proche du petit napoléon), et entouré sur les plateaux télé et conférences de presse de trouillards, d'incompétents.
Ca me rappelle la seule fois où j'ai entendu un journaliste le désemparer par sa question (C'était quelque chose comme : Mr Sarkozy, vous prônez dans le discours que vous teniez à l'instant la liberté, la légèreté... Mais pour venir ici à votre QG de campagne, j'ai vu 3 fourgonnettes de CRS, deux de la police nationale, des policiers en civil, des barrières empêchant jusqu'au riverains de rejoindre leur foyer, qu'entendez vous vraiment par liberté? S'en est suivie un silence gêné, et une réponse approximative et molle, précédent une sorte de "question suivante?" embarrassé)
C'était pour 'là bas si j'y suis', meilleure émission de radio (et de télé) actuelle.

Au premier tour, en proportion, les ouvriers ont beaucoup plus voté Sarko que les cadres. Ces derniers étant traditionnellement à droite, on constate que l'accès à l'éducation dont ont (souvent) bénéficié les cadres les fait pencher hors du champ Libéral- Sarko-extrêmiste.

Fight.

mercredi 25 avril 2007

Berluskozy

Si ce blog n'est pas un blog politique, l'urgence de l'actualité et l'imminent danger de voir la droite, soit, mais aussi et surtout Sarkozy, gagner cette élection, mérite de consacrer tout l'espace possible sur ce sujet.

Je citais il y a quelques billets l'article paru dans libération qui décrit assez bien la familiarité que l'on peut constater entre Sarkozy, Thatcher (et/ou Reagan) et Berlusconi.
Ce dernier, lundi, lui a affiché son soutien. Quelle surprise.

"Si on lit les discours de Sarkozy, on s'apercevra que de nombreux points sont tirés de mes livres ", s'est tout récemment vanté Berlusconi dans une interview accordée à la chaîne RAI 2.
"Si c’est Sarkozy qui gagne, sa présidence s’unira à celle d’Angela Merkel pour faire une Europe plus occidentale et plus atlantique
"[...]"naturellement nous sommes des supporters de Sarkozy".

L'homme le plus important de France en ce moment, vous aurez compris Bayrou, a même dit aujourd'hui :
"je pense qu'il y a des ressemblances entre Berlusconi et Nicolas Sarkozy".

A lire à ce propos Sarkozy, Berlusconi, mêmes causes, mêmes effets, ici



Pendant ce temps là, au gouvernement

Ce qui est bien avec les élections, c'est qu'on constate que les français s'intéressent à la politique.
Qui dit ça?
Les journalistes? les politiques?

Les deux.

Pourtant ce n'est qu'en partie vrai. Ce n'est pas vraiment la politique en tant que telle qui passionne les français en ce moment, mais bien les élections.
Pour sauver Royal, tapez 1.
Pour sauver Sarkozy, tapez-le.
Pardon.

Je veux en venir à cette tribune de Philippe Janet.

"Discrètement, en marge de la campagne, le gouvernement prépare un décret qui, s'il était appliqué, tuerait l'Internet "made in France". En effet, sous prétexte de surveiller au plus près les internautes, un décret d'application de la loi sur la confiance dans l'économie numérique du 21 juin 2004, exige que les éditeurs de sites, les hébergeurs, les opérateurs de téléphonie fixe et mobile et les fournisseurs d'accès à Internet, conservent toutes les traces des internautes et des abonnés au mobile, pour les délivrer à la police judiciaire ou à l'Etat, sur simple demande [...]"
Pour un petit rattrapage de ce qu'est la LEN (ou LCEN) -> Wiki
Et pour ceux qui veulent décortiquer le projet de décret, c'est par

Sarkozy, l'emmental

"Un sophisme, ou argument à logique fallacieuse, est un raisonnement qui apparaît comme rigoureux et logique, mais qui en réalité n'est pas valide (à ne pas confondre avec vrai). Le sophisme repose sur le moteur du syllogisme, ou de l’enthymène (avec un argument éludé). L'adjectif fallacieux désigne ce qui est trompeur ou mensonger. La logique désigne en rhétorique l’art de construire un discours cohérent."
Cette définition wikipédia est suivie sur le même site de l'exemple de l'emmental.
  1. Plus il y a d'emmental, plus il y a de trous
  2. Plus il y a de trous, moins il y a d'emmental
  3. Plus il y a d'emmental, moins il y a d'emmental
Où je veux en venir?

L'idée de la délinquance à déceler (et guérir? enfermer?) chez les plus jeunes, chère au petit Napoléon, tient du sophisme.
Il nous avait déjà mis sur la piste avec son entretien "pseudo-philosophique" avec Michel Onfray, voici donc une nouvelle trace de son génie imperturbable.

Tous les délinquants ont eu des comportements déviants dès l'enfance.
Donc, tous les enfants au comportement qualifié (selon quels critères?) d'alarmant seront délinquants (comme Tapie?).
C'est logique, si si.

(Petit conseil à Borloo : Tous les SDF avaient un toît avant d'être dans la rue, ou presque. Ainsi, on peut très tôt déceler le risque de devenir sans abri. Il suffit de chercher les français qui ont un habitat)

vendredi 6 avril 2007

Dati future ministre. Et ça ne va pas rigoler.

A propos d'une éventuelle, prévue mais risquée, impossible et peu probable visite de Nicolas Sarkozy à Argenteuil (je parle d'une visite, pas d'une mise en scène qui elle est probable), le député UMP de Seine-Saint-Denis Eric Raoult a mis en garde son candidat : «Pour tout gâcher, il suffit de 30 gamins excités ou d'un préservatif plein de sauce tomate. Draguer des mômes qui n'iront pas voter, c'est une mauvaise idée. Faut qu'il s'adresse aux papas qui en ont marre des voitures qui brûlent, aux mamans qui veulent pouvoir sortir tranquillement dans la cité. Faut surtout pas que Nicolas nous la joue casquette retournée.»

L'état major du candidat non ministre Nicolas prépare depuis longtemps déjà une rencontre avec des jeunes. Des jeunes représentés par les prodigieux BBR (Bleu Blanc Rouge, si si), protégés de Rachida Dati.

Par chance, Nicolas a cette alliée "sur le terrain". Une du cru, qui plus est. Rachida Dati, originaire d'Argenteuil, est inscrite depuis décembre 06 à l'UMP et a été nommée le soir du dimanche 14 janvier 07 porte-parole de Nicolas. On dirait que les choses se sont précipitées ces derniers temps.

Alors parce que c'est une occasion formidable de le faire, voici un lien vers une toute récente vidéo diffusée sur LaTéléLibre.com de "l'arabe du staff" si je peux me permettre (et je le peux), à propos de son futur ministère, celui de “la renovation urbaine à coup de karcher”.

Les pédophiles et le suicide des jeunes par Nicolas S, philosophe.

En ce moment, sur le site de philomag, on a la chance de lire l'extraitd'une palpitante discussion, assez proche de celle de la nature humaine présente sur ce blog entre Foucault et Chomsky...
Sauf qu'ici, c'est entre Sarkozy et Onfray.

(...)

Nicolas Sarkozy :
Je me suis rendu récemment à la prison pour femmes de Rennes. J'ai demandé à rencontrer une détenue qui purgeait une lourde peine. Cette femme-là m'a parue tout à fait normale. Si on lui avait dit dans sa jeunesse qu'un jour, elle tuerait son mari, elle aurait protesté : « Mais ça va pas, non ! » Et pourtant, elle l'a fait.

Michel Onfray :
Qu'en concluez-vous ?

N. S. : Que l'être humain peut être dangereux. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous avons tant besoin de la culture, de la civilisation. Il n'y a pas d'un côté des individus dangereux et de l'autre des innocents. Non, chaque homme est en lui-même porteur de beaucoup d'innocence et de dangers.

M. O. :
Je ne suis pas rousseauiste et ne soutiendrais pas que l'homme est naturellement bon. À mon sens, on ne naît ni bon ni mauvais.
On le devient, car ce sont les circonstances qui fabriquent l'homme.

N. S. :
Mais que faites-vous de nos choix, de la liberté de chacun ?

M. O. : Je ne leur donnerais pas une importance exagérée. Il y a beaucoup de choses que nous ne choisissons pas. Vous n'avez pas choisi votre sexualité parmi plusieurs formules, par exemple. Un pédophile non plus. Il n'a pas décidé un beau matin, parmi toutes les orientations sexuelles possibles, d'être attiré par les enfants. Pour autant, on ne naît pas homosexuel, ni hétérosexuel, ni pédophile. Je pense que nous sommes façonnés, non pas par nos gènes, mais par notre environnement, par les conditions familiales et socio-historiques dans lesquelles nous évoluons.

N. S. :
Je ne suis pas d'accord avec vous. J'inclinerais, pour ma part, à penser qu'on naît pédophile, et c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a 1 200 ou 1 300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n'est pas parce que leurs parents s'en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d'autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l'inné est immense.

M. O. : Puisque notre entrevue touche à sa fin, je voudrais vous offrir quelques cadeaux utiles avant que nous nous quittions.

[Michel Onfray tend à Nicolas Sarkozy ses
quatre paquets.]

N. S. [amusé] : Vous croyez que ma situation est si grave ?

[Nicolas Sarkozy déballe ses livres tandis que Michel Onfray commente ses choix.]

M. O. :
Totem et Tabou, je vous l'offre parce que Sigmund Freud y traite du meurtre du père et de l'exercice du pouvoir dans la horde. L'Antéchrist de Friedrich Nietzsche, pour la question de la religion, la critique radicale de la morale chrétienne à vous qui, parfois, allez à la messe en famille. Michel Foucault, c'est une lecture que je recommande plus particulièrement au ministre de l'Intérieur, adepte des solutions disciplinaires. Dans Surveiller et punir, Michel Foucault analyse le rôle du système carcéral et de l'emprisonnement, puis de leur relation avec la norme libérale. Pierre-Joseph Proudhon, enfin, car il montre qu'on peut ne pas être libéral sans pour autant être communiste.

N. S. :
Ai-je prétendu une chose pareille ?

M. O.
[se référant à ses notes] : Oui, dans votre livre Témoignage, page 237 : « Le communisme, l'autre mot de l'antilibéralisme ».

N. S. : Vous, vous êtes communiste ?

M. O. :
Ni communiste ni libéral. Je pense qu'il y a des options, notamment libertaires, de gestion du capital qui sont intéressantes et qui reposent sur la coopération, la mutualité,
le contrat, la fédération ou les crédits populaires. Proudhon est un auteur qu'on lit peu aujourd'hui, et souvent mal.

N. S. :
Donc, ça vous intéresse, la complexité ?

M. O. : Bien sûr ! Il vaut mieux qu'on finisse sur un
éloge de la complexité que sur le braquage idéologique
de la première demie-heure...

(...)

jeudi 5 avril 2007

Wow actualité.

"L'Etat doit jouer pleinement son rôle parce qu'il n'y a

pas de pluralisme de l'information, et donc de démocratie

véritable, sans des entreprises de presse rentables et

économiquement viables"

Nicolas Sarkozy, le 04/04/2007.



C'était tout.

Le candidat à la présidentielle, ce produit manufacturé.


Une campagne présidentielle est probablement l’ère la moins intéressante de la vie politique.

Chaque mot des aspirants au pouvoir ne peut être entendu et traduit sans prendre en considération sa dimension électoraliste. Par ailleurs, chaque action des groupes d’électeurs aux intérêts singuliers, agglomère toutes sortes de gémissements et revendications qui ne peuvent être comprises autrement que par une opération opportuniste.


Un souffle, une attitude, un mot, une main posée sur une épaule.

Non.

Un journaliste… ça ne convient pas non plus.

Un essaim de journalistes, un souffle, une attitude, un mot, une main posée sur une épaule, une représentation qui se façonne, le discours de fond s’évapore. C’est un personnage de cire qui se crayonne sur le parcours des écrans et des micros.


Ne parlons plus d’idées ni de concepts, les gens ne les déchiffrent pas, doivent-ils se dire. Ou bien pensent-ils que ceux qui comprennent ont précocement fait leur choix, lorsque les plus légers votent à l’affect, comme on estimerait et choisirait une marque de café plutôt qu’une autre. Ainsi décide-t-on d'engager une campagne de branding.

Simplification extrême par un procédé qui humilie irrémédiablement candidats et citoyens. Mais ces derniers ne comprennent pas, pensent les premiers.


Il faut plaire.

Les suffrages sont conditionnés par un impératif d’ensorcellement, conception née de l’ambition et de la volonté d'atteindre le pouvoir quelque soit le procédé adopté, tant qu’il est pioché dans le marais de possibilités d’une société démocratique.

L’objectif et bien de séduire, d’attirer.

Se faire élire, puis rester.

Il n’est nullement question d’autre chose. Alors on me réfutera que l’on peut charmer par ses idées. Bien entendu. On peut méditer les grands courants, les idées de base, les préférences culturelles, l’assise historique, ... Il s’agira toujours, au-delà de toutes ces strates sédimentaires, de se faire élire, et d’envoûter.


Mesdames, messieurs, dispersez vous et faites place au marketing. Cette discipline qui tend à déterminer la nature d’une offre de bien ou de service en fonction des attitudes des consommateurs. Cette pratique, profusément répandue à présent dans le champ politique, Lewitt la définissait ainsi "Le marketing est une conception de la politique commerciale qui part du principe que la fonction fondamentale des entreprises consiste à créer une clientèle et à la conserver, et qui permet aux entreprises d'exploiter au maximum toutes les ressources dont elles disposent".

Pitoyable application que celle à l’œuvre lors de cette campagne présidentielle (ainsi que pour tant d’autres). Cette dernière mériterait d’enfanter de débats à une hauteur au moins analogue aux enjeux de notre société. Pourtant…

Sans aborder le large et passionnant volet publicité de l’éventail marketing, l’avenir relatif d’un pays se joue donc sur des méthodes de persuasion ou de rhétorique imaginées par quelques Spin doctors (faiseur de présidents), sur les aspects émotionnels au détriment d’un débat (mot si usurpé qu’il en semble grossier) portant sur les programmes précis et les points techniques. Je ne parle de rien d’autre que de manipulation, d’adaptation d’un message aux attentes supposées de l’électorat, de cosmétisation de l’apparence.

Le président d’une nation, où qu’il soit dans le monde, ne l’est devenu qu’en étant séduisant et populaire. Des engagements démagogiques aux promesses les plus populistes, en passant par les mystifications les plus prodigieusement simplistes, le répugnant spectacle de la campagne électorale qui nous est offert depuis de trop longs mois anticipe fort bien du quinquennat à venir, et ce quelque soit l’élu.

mercredi 4 avril 2007

Travail, chômage, quelques idées toutes faites.

  • Le chômage des jeunes.

Un sacré sujet, dont on parle tellement que l’on ne sait plus vraiment ni ce que c’est, ni ce qui est vrai. On constate que le problème est gravissime en période électorale, d’importance certaine le reste du temps, ou encore récurrent, maladif et propre à la France aux yeux des médias.

Il est certain qu’un présidentiable, puisque c’est d’actualité, passera par le discours démagogique et habituel du chômage des jeunes. Celui des vieux est moins abordé. Est-ce parce qu’ils ont déjà leurs habitudes de vote ? Est-ce pour éviter les vagues autour de l’apparente menace de l’allongement de la durée du travail ?

Le chômage des jeunes, on le constate dans un rapport émis par l’Anpe récemment, est le reflet de notre temps : « la classe d’âge la moins défavorisée du point de vue de la durée totale du chômage est celle des 20-24 ans. En revanche, ces jeunes demandeurs d’emploi s’inscrivent nettement plus souvent que leurs aînés. Au total, leurs périodes de chômage sont à la fois plus nombreuses et plus courtes ». Et puis bon, ils étudient aussi, parfois, les bougres.

Leurs emplois aussi, sont dans l’air du temps. Toujours selon l’Anpe, les métiers les plus recherchés sont : Vendeur en équipement de la personne, Secrétaire bureautique polyvalent, Agent de manipulation et déplacement de charges, Employé de libre-service, Agent de stockage et répartition de marchandises, Hôte de caisse libre-service, Conducteur-livreur, etc.

Aussi faut-il dire que si 8.2% des « jeunes » sont au chômage en France, les moins de 25 ans sont, en proportion, assez rarement à la recherche d’un emploi dans la mesure où nombre d’entre eux sont toujours scolarisés. Une mise en relief du contexte s’avère être d’une impérieuse nécessité.

Acrimed, le 10.04.06 a décortiqué le refrain médiatique dont chaque pièce journalistique s’est fait l’écho sur les planches du théâtre CPE.

Extraits.

Dès janvier, Le Monde (17 janvier) joue son rôle de journal de référence et prépare les esprits : « Quand on a un taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans de 22 % (contre 15,1 % en Allemagne et 12,1 % au Royaume-Uni)... ».

Le 1er février, Bernard Revel, en fin connaisseur de la société française, utilise ce chiffre magique pour convaincre les lecteurs de L’Indépendant du Midi des vertus du CPE : « Pour les 23 % de jeunes de moins de 26 ans actuellement au chômage, mieux vaut sans doute un CPE que rien du tout. »

Le 7 février, Hervé Chabaud, dans L’Union, brandit le chiffre magique pour annoncer l’apocalypse que nous promet le refus de la “réforme” : « Le fait d’avoir près d’un jeune sur quatre au chômage ne préfigure-t-il pas le niveau général des sans-emploi demain si rien n’est fait pour offrir d’autres possibilités d’avoir du travail ? »

Toujours en février, on pouvait lire dans la présentation de l’émission « Ripostes » intitulée « Jeunes : Attention, planète précaire » (dernière diffusion le dimanche 5 février 2006), cette trouvaille destinée à donnner sa dimension vraiment dramatique (et sensationnelle) au mal qui frappe la jeunesse française : « Précarité de l’emploi : près d’un quart des moins de 26 ans pointent à l’ANPE ».

La presse écrite, de son côté, intensifie son travail de « mise en perspective » ...

Paris Match, le 9 mars, sous la plume d’Axel de Tarle : « Non au C.p.e. ? Alors oui au chômage des jeunes ! Taux de chômage des jeunes : 25% . Mais, surtout, ne rien faire ! »


Jean Pierre Pernaut, dans le JT de 13 heures de TF1, le 5 avril : «La France est aujourd’hui, on le sait , le pays d’Europe où le chômage des jeunes est le plus grave : 25 % , un sur quatre . Chez nous, ce qu’ on appelle la flexibilité du travail continue à faire peur, on l’a vu depuis deux mois ». Et, au terme d’un reportage sur le chômage des jeunes dans certains pays d’Europe, il réaffirme martialement sa certitude : « 7 % de jeunes chômeurs, on l'a vu dans ce pays, le [danemark] , 25 % en France... »

Challenges, le 23 mars, dans le “Bloc-Notes” de Jean-Marie Colombani : « le taux de chômage des jeunes (de 15 à 29 ans) est de 17 % soit presque le double du taux de chômage de l’ensemble de la population. »

En choisissant une tranche d’âge élargie vers le haut, le patron du Monde affirme l’originalité de son esprit rebelle. Mais dans les colonnes de son journal, le 2 avril, il revient au classicisme et donne le même chiffre que ses confrères : « le taux de chômage des moins de 25 ans ( 22,3% ) place la France parmi les plus mauvais élèves de l’OCDE(*) ». Ouf !

En réalité, en France, le chômage touche 23% des jeunes sur le marché du travail

N’allons pas, comme en sourit Philippe Monti dans l’article d’acrimed, « imaginer que dans les files d’attentes de l’ANPE se mêlent de jeunes adultes et des adolescents en quête d’emploi, […] des enfants au regard perdu, parfois trop petits pour que leurs charmantes têtes blondes puissent seulement atteindre le bord du guichet... »

Toujours sur Acrimed, on peut lire de l’aveu même de Jacques Marseille, prédicateur ultralibéral qu’« en fait, ce ne sont pas 23 % des jeunes qui sont au chômage, mais 23 % des jeunes de 15 à 24 ans qui ne sont pas ou ne sont plus scolarisés et cherchent un emploi. Et la différence est de taille. En effet - et ce n’est pas forcément pour s’en réjouir-, les jeunes Français vont à l’école ou à l’université beaucoup plus longtemps que dans le reste de l’Europe. C’est cette réalité qui déforme de manière totalement caricaturale le fameux pourcentage de 23 %. Si l’on rapporte le nombre de jeunes chômeurs - 609 000 - à la totalité de leur classe d’âge - 7 833 709 -, on découvre alors - et c’est plutôt rassurant - que seuls 7,8 % des jeunes Français de 15 à 24 ans sont au chômage, soit... moins que la moyenne européenne (qui est de 8,2%) !

  • USA, ROYAUME UNI, des models à suivre (du coin de l’œil).

En terme d’emploi, le chômage est (en apparence) moins élevé en Grande Bretagne qu’en France, où le libéralisme est à l'oeuvre depuis dix-sept ans, ce qui provoque d’ailleurs l'extase d’un grand nombre d’observateurs, et de Nicolas Sarkozy qui ne cache pas son admiration pour Tony Blair. Pour exemple, de 93 à 96, le chômage est brutalement passé de 10.4% à 7.7%.

La magie repose toujours sur la question « où est le truquage ». Ici, on la trouve dans la méthode de calcul, ce qui ne manquera pas de rapprocher la démarche de la récente polémique des chiffres du chômage en France(**).

Le pourcentage de chômeurs dépend du nombre d’actif. Or, au Royaume Uni, la population active diminue, et ce pour trois principales raisons.

Première raison, les femmes sans emploi ne sont pas comptées comme faisant partie de la population active si leur conjoint travaille. Deuxièmement, un grand nombre de personnes accablées et découragées par la précarité des emplois disponibles et le très faible niveau des salaires s’excluent d’elles-mêmes du dispositif, les allocations chômages étant telles qu’elles sont du même effet. C’est aussi ce que l’on constate aux Etats-Unis, et c’est pourquoi le BIT prend en compte dans sa méthode de calcul du nombre de chômeurs les personnes qui souhaitent avoir un emploi et non ceux indemnisés. Enfin, le troisième grand motif est l'accroissement spectaculaire du nombre d’handicapés.

Considérant les bidouilles statistiques, notons donc aux Royaume Uni et Etats Unis l'extrême faiblesse des allocations chômage pour ceux qui peuvent en bénéficier (ce qui oblige à travailler à n'importe quelles conditions et salaire pour ne pas mourir de faim) et l'existence de contrats hebdomadaires de travail avec aucune heure garantie, obligeant le salarié (si l’on peut dire) à attendre chez lui un coup de fil (il n'est pas considéré comme chômeur puisqu'il bénéficie d'un "contrat de travail").

L'emploi à temps partiel est aussi beaucoup plus développé en Angleterre, avec des salaires réduits en conséquence. En 2005, 25,5 % des emplois anglais sont à temps partiel comparé à 17,2 % des emplois français. Flexibilité.

Quelques caractéristiques anglo-saxonnes : Pas de limite légale (minimum et maximum) à la durée hebdomadaire du travail, pas de congés payés annuels obligatoires, préavis de licenciement très court, période d'essai à l'embauche pouvant aller jusqu'à vingt quatre mois (possibilité d'un licenciement immédiat) -Je pense très fort au CPE-, forte proportion d'enfants obligés de travailler, parfois très jeunes, et en plus de leur horaire scolaire, pour aider leur famille à survivre (ça, c’est bon pour les chiffres du « chômage des jeunes »).

Après ce rapide constat de l’état de délabrement du système néo-libéral prôné par l’OCDE (et d’autres), il est intéressant de poser un œil ou deux sur la France, à travers une simple comparaison avec, justement, la Grande Bretagne.

En effet, de 1990 à 2005, la France a créé plus d’emplois que cette dernière. Pour une population presque équivalente en nombre, sur les 15 années, la France a créé 2 520 000 emplois (+11,25%) contre 1 520 000 au Royaume Uni (+5,82%). Dans le même temps, la population active (emploi + chômage) a beaucoup plus augmenté en France (2 970 000) qu'en Grande Bretagne (960 000)… Forcément…

Selon l’OCDE aussi, d’ailleurs, sur une période de quatorze années, de 1990 à 2004, la France a créé 82 % d'emplois en plus que l'Angleterre.

Comme nous l’avons vu plus haut, une grande partie des chômeurs anglais est aujourd’hui invalide, et une grande part de la population active a été mise de côté pendant ces 15 années.

Le model libéral anglo-saxon n’est donc pas la raison de la baisse du nombre de chômeurs, mais il a mis à l’écart tout un pan de la population. Le modèle social français fait tampon en limite les dégâts d'une récession économique sur l'emploi alors que le modèle libéral, anglais ou américain, amplifie ceux-ci.

  • Les 35 heures vont nous couler

Le nombre d'heures travaillées chaque semaine (environ 910 millions) est identique en France et en Grande Bretagne, malgré un nombre d'emplois différent. Cela s'explique encore mieux en comparant la durée réelle du travail (ensemble des emplois à temps complet et à temps partiel) : 31,72 h en Angleterre et 36,28 h en France (par semaine).

Les statistiques internationales relatives à la durée du travail, ne prennent en compte que les emplois à temps complet, ce qui donne une présentation très déformée de la réalité.

En prenant les statistiques émanant indépendamment de chaque pays, on constate que la durée du travail est en moyenne de 34 heures par semaine aux Etats-Unis, à comparer avec une durée de 36 h en France, de 32 h en Grande-Bretagne et de 29 à 36 heures dans les principaux pays européens, pour l'ensemble des emplois à temps plein et à temps partiel.

En 2006, le nombre officiel de chômeurs est de 7 001 000 pour une population active de 151 428 000 personnes, soit un taux de chômage de 4,6%.

Cependant, 4 786 000 personnes cherchent un emploi, ou souhaitent en avoir un (selon le BIT). Comme au Royaume Uni, elles ne sont pas comptabilisées, puisque non indemnisées et par conséquent non inscrites (quelle utilité ?)

En réintégrant ces gens parmi les chômeurs (11 787 000) et dans la population active (156 214 000), le taux de chômage apparent de 4,6 % se transforme en un taux de chômage réel de 7,5%. (mais ne le dites pas à Nicolas Sarkozy)

(*) Puisque l’occasion se présente, parlons de l’OCDE (L'Organisation de coopération et de développement économiques), qui encourage le libre-échange, la concurrence et voit comme solution au chômage la déréglementation du marché du travail, reprenant souvent des arguments proches du libéralisme économique, en opposition avec les principes keynesiens et les conceptions d'inspiration socialiste de l'Etat-providence.

L’OCDE, qui tire régulièrement les oreilles des ses mauvais élèves (qui immédiatement tirent à leur tour les oreilles de leurs citoyens et de leur système), a son avis sur l’université. Si le chômage des jeunes en France s’explique principalement par la fausseté des chiffres, qui ne prennent pas en compte les jeunes qui étudient, alors il serait préférable, comme au Royaume Uni par exemple, de diminuer cette durée. Le jeune est flexible, jetable, quel gâchis de le garder sur les bancs de l’école ! D’ailleurs, l’OCDE trouverait normal que l’on augmente les droits d’inscription, car « les étudiants qui payent font plus attention au choix de leur cursus ». Autant lire que ceux qui n’ont pas les moyens (non issus des bonnes familles ou éventuellement refusant de travailler au McDo) peuvent aller bosser, et s’insérer.

(**)Concernant la polémique des chiffres entre l’Insee, l’Anpe, le Bit,… les mensonges et autosatisfactions du gouvernement, visitez le site d’ACDC.

Le collectif ACDC -Les autres chiffres du chômage- propose des alternatives en terme de calcul.

Lire à ce propos http://acdc2007.free.fr/acdc0803.pdf

Extraits.

« Au delà des actuelles controverses, la recherche d’un « vrai chiffre du chômage » est vaine, car il existe une diversité de situations de chômage, de

sous-emploi et de précarité, qu’il importerait donc éclairer par un petit nombre d’indicateurs pertinents. » « L’enquête Emploi est la seule source conjoncturelle qui décrit à la fois l’emploi, l’activité et le chômage, tout en fournissant des informations sur les revenus et les conditions de travail. Ses résultats sont indépendants de la volonté des gouvernements. Dès que possible, et conformément à ses objectifs initiaux, elle devrait servir de base à des indicateurs trimestriels cohérents. Plusieurs pays publient chaque trimestre les résultats de leur enquête Emploi, le Canada les publie même chaque mois. L’Insee doit obtenir les moyens financiers et humains d’exploiter cette enquête à un rythme trimestriel. »

« Le psychodrame mensuel autour de la publication des statistiques de l’ANPE n’a plus aucun sens et incite les gouvernements à la manipulation de ces chiffres. Ces statistiques demeureront certes utiles pour l’analyse conjoncturelle à un rythme mensuel et surtout pour connaître la nature des demandes d’emploi à un niveau géographique fin, ce qu’aucune enquête statistique ne permet, étant donnée la taille réduite des échantillons.»