mardi 27 mars 2007

Statistique

Rapport entre le niveau de vie des 10 % les plus riches et celui des 10 % les plus pauvres, après impôts et prestations sociales, hors revenus du patrimoine :










1970

1975

1979

1984

1990

1997

1999

2003

2004



4,8

4,3

3,8

3,5

3,4

3,3

3,2

3,2

3,1









Lecture : en 2004, le niveau de vie le plus bas des 10 % les plus riches était 3,1 fois supérieur au niveau de vie le plus élevé des 10 % les plus pauvres. Légère rupture de série en 2002. Ne comprend pas la majorité des revenus du patrimoine.

Source : Insee, enquêtes revenus fiscaux

Hum...
Pardon.



Bien évidemment, les dés sont pipés, comme le décrit Alternatives économiques ;
Il n’y a cependant pas profond à creuser pour s’apercevoir que ces chiffres dressent un portrait trompeur de l’état de la France. Les données sur les revenus ne prennent en compte que 20 % environ des revenus du patrimoine, tirés des portefeuilles financiers et de la propriété immobilière. Or, ces revenus progressent plus vite que la moyenne et constituent une part considérable du revenu des catégories aisées, qui possèdent l’essentiel du patrimoine. Sur les cinq dernières années, il est probable qu’une prise en compte de l’évolution de ces revenus, comme l’Insee en convient, aboutirait à constater une légère hausse des inégalités, en rupture avec la tendance sur longue période.
En outre, un phénomène simple demeure souvent oublié : des écarts relatifs stables signifient que les écarts absolus s’accroissent. Entre 1996 et 2002, les plus démunis ont vu leurs revenus (hors patrimoine, après impôts et prestations sociales) progresser de 12 %, à peu près comme les plus riches. Mais on ne vit pas avec des pourcentages : en six ans, le 1 % le plus aisé a disposé de 5 460 euros de plus à dépenser chaque année, contre seulement 1 100 euros pour les 10 % les plus pauvres, l’écart s’est donc accru de 4 300 euros.
Concernant les inégalités hommes-femmes, les tendances de longue période cachent un arrêt du rattrapage depuis dix ans. Surtout, les données concernent des salaires en équivalent temps plein, ce qui masque les écarts de salaires réellement perçus, le temps partiel étant largement féminin. En moyenne aujourd’hui, les hommes gagnent 40 % de plus que les femmes, et toutes n’ont pas choisi de travailler moins.
En matière d’éducation, les scolarités ne s’allongent plus depuis dix ans et l’échec scolaire ne baisse plus. La proportion de bacheliers parmi les fils d’ouvriers s’est certes accrue, mais celle des fils de cadres aussi, pour atteindre désormais presque 90 %. Les inégalités à l’école se sont déplacées vers le haut et les exigences des entreprises ont augmenté…
L’école peine à assurer un bon niveau d’éducation à tous les enfants. La crise du collège en témoigne, et la tentation est de diriger plus d’enfants vers des filières spécifiques. Premières victimes : les enfants issus des milieux populaires. C’est ainsi que les fils d’ouvriers représentent 44 % des élèves de l’enseignement adapté dans le secondaire et les fils de cadres seulement 1,6 %.
Enfin, la confusion est grande parmi les élites entre le niveau scolaire des jeunes générations et celui de la moyenne des Français : en 1999, date du dernier recensement, moins de 10 % de la population disposait d’un diplôme supérieur à bac + 2 et 37 % de la population avait au mieux le certificat d’études. A la faiblesse historique du niveau de formation initiale s’ajoute l’insuffisance de formation professionnelle continue à destination des moins qualifiés. En France, seule une partie très mince des actifs disposent d’une seconde chance.
On pourrait là aussi multiplier les exemples. Sur la situation des hauts revenus, terre inconnue des statistiques (mais l’Insee devrait publier une étude sur le sujet cette année), et dont certains atteignent l’équivalent de un à quatre siècles de Smic annuel. On pourrait également évoquer la situation des « minorités visibles », ignorées des statistiques : si le taux de chômage des étrangers originaires d’Afrique subsaharienne et du Maghreb dépasse les 35 %, c’est du fait de leur moindre niveau de diplôme, mais c’est aussi parce qu’ils font face à des discriminations. Plus généralement, le taux de chômage moyen masque des inégalités selon le sexe, l’âge, l’origine sociale ou culturelle, autant de handicaps qui se cumulent. La France des hommes, cadres, adultes et français est au plein-emploi, mais les populations les plus touchées sont aussi les moins organisées et les moins mobilisées.